Andromède, elle est plutôt jolie, et elle le sait. Andromède, elle use de ses charmes quand il le faut, même si elle n'aime pas. Parce qu'elle a sa fierté, son besoin de reconnaissance, sa volonté de s'élever au dessus des hommes, par tous les moyens. Andromède, elle dirige sa troupe d'une poigne de fer, avec quelques gestes tendres de temps en temps, parce qu'elle en fait partie de ce milieu, elle sait combien c'est difficile. Andromède, elle prend tant de charges sur ses épaules pour rendre le monde meilleur, autant que possible. Ceux qui viennent se servir, oublier les vices de ce monde, elle les méprise, mais elle est hypocrite, Andromède. Elle leur sourit, et elle leur vend ses filles d'un murmure, soit disant tolérante, soit disant discrète, mais on sait tous qu'elle n'hésiterait pas à les vendre s'il le fallait. Andromède, elle a de l'argent, du pouvoir, de la présence, tout le monde pense qu'elle a fait fortune dans la joaillerie, au grand dam des grands de ce monde. Andromède elle vend, elle paye et elle achète tout le monde, pour du silence, pour éliminer quelqu'un, pour parvenir à ses fins. Elle n'est pas égoiste, Andromède, elle sait juste qu'elle n'a pas d'autres moyens, elle a compris comment le monde fonctionne.


On va pas se mentir, Andro elle a toujours eu la vie facile. Elle a toujours eu ce qu'elle voulait, toujours pu faire ce qu'elle voulait. Toujours ? Non. Sa position de femme la frustrait, plus que jamais. Les hommes la regardent avec désir, les hommes dirigeaient le monde et prenaient femme quand ils désiraient. Plus que jamais, Andromède déteste les hommes. Elle a du se marier, elle a du tenir le bras de cet être répugnant, qui à peine arrivé dans leur demeure, a arraché sa belle robe, l'a violenté et tourmenté de mille façons. Et Andromède, elle n'avait rien le droit de dire parce qu'elle était une femme. Mais elle n'est pas du genre à se laisser faire. Comme son mari le prouvera, si tu la cherches, tu la trouveras. Andromède, elle est synonyme de mort, son mari finira empalé sur une jolie dague d'argent, une jolie lame de décoration qui finira par avoir son utilité. Le tout déguisé en suicide, Andromède empoche l'héritage. Une veuve, c'est mal vu, une veuve, tout le monde pense -cette fois à raison- qu'elle a tué son mari. Andromède s'en fiche, elle compte bien gravir les échelons de cette société pourrie jusqu'à la moelle. Andromède, elle a débarqué dans le pire bordel de syllabe et elle a déclaré qu'elle rachetait. Le bâtiment, les hommes, les femmes, le vieux chat, elle a tout retapé, tout payé, elle a offert une nouvelle vie, une seconde vie à toutes ces miséreuses. Elle gère les comptes, le planning, elle offre des bijoux et des tissus à celle qu'elle appelle affectueusement ses filles, Andromède se fait indispensable à leur vie. Mais elle ne s'arrête pas là, Andromède, elle se pare de ses plus beaux bijoux, et elle assiste aux plus somptueuses réceptions, elle charme les hommes, elle distribue son adresse. Quelque part, ça la répugne, mais elle ne peut pas abandonner ces filles. Elle leur apprend à être forte, à user de leurs armes, et s'il le faut, elle prend quelques commandes, elle aide à se débarrasser de tel homme, de telle personnalité. Andromède, elle est connue de tout syllabe, elle sait qu'elle a beaucoup d'ennemis, et que du jour au lendemain, on peut l'attendre au détour d'une ruelle. Alors Andromède apprend aussi à ses filles à se débrouiller seules. Parce que dans ce monde, les femmes ne reçoivent aucun soutien.