« Hypnose, Hypnose ! » tu t'exclames soudainement, enfant. « Regarde ! » mais tu es un idiot et Hypnose ne peut pas regarder. Tu te gifles mentalement. Tu sais à quel point ça peut le torturer, à quel point ça peut le faire déprimer. Mais aujourd'hui, ce n'est pas un jour à la déprime. C'est un jour pour que vos coeurs battent à l'unisson, un jour pour que vous soyez des enfants. Perdez dix ans. Tu souris. Tu ne lui laisses pas le temps de réfléchir à ta bêtise ; tu ne lui laisses pas le temps de comprendre tes mots d'idiot et tu as attrapé son poignet, « on court », parce que ça, c'est excitant.
Les aveugles, ça t'emmerde. Ils sont partout, ils ratent le monde. Mais pas Hypnose -ils disent tous qu'il faut une exception à la règle. Hypnose, un jour, tu lui as dit que tu pourrais être ses yeux quand vous serrez ensemble. Et les gens seraient surpris de t'entendre parler autant, et les gens seraient surpris de te voir avec -et les gens sont surpris de voir ton sourire, toi à la tête encrée, toi qui vit dans la fumée. « C'est vraiment pas beau par ici, Hypnose tu sais. » que tu dis alors en plissant le nez, « y a rien et tout à la fois, tu sais ? Un peu comme quand tu ne vois pas ton assiette mais en même temps tu sais qu'elle est pleine.. Hm.. quelque chose du genre ? » mais t'es pas très adroit, tu sais pas trop comment dire. « aaah, je peux déjà sentir les fantômes Hypnose ! Je les sens ! » et tu éclates de rire. Idiot.
Tu as peur, au fond. Mais tu ne le dis pas. Parce que tu es celui qui a proposé. Parce que tu n'as pas le droit d'avoir peur. Parce que tu es le courageux Youth, celui qui fait peur aux autres -ou tu aimerais le voir. « Hypo, droite ou gauche ? » demandes-tu soudainement alors qu'il s'offre à toi des tas de ruines, des tas de chantiers, des tas d'endroits dangereux, « Hypo, si je meurs. Comment tu vas faire pour rentrer ? » et te voilà qui rit encore -tu es un idiot, vraiment.
tu étais déjà en train de soupirer hypnose parce qu’il avait beau te dire de voir te demander de voir tu ne voyais pas et ça te tuait et il le savait et sa bêtise t'impressionnait mais tu l’aimais bien quand même, youth
tu remues la tête, dépité « je ne vois /pas/ youth… »
il le sait, tu sais qu’il le sait, et il sait que tu sais qu’il sait ; mais ça reste un truc entre vous quand même.
tu sais même pas où tu es, concrètement. mais tu n’as pas le temps de penser hypnose, parce que déjà, ton poignet est dans sa main et avant que tu ne puisses comprendre, tu courrais déjà à la suite de cet idiot qu’était ton ami.
il te disait que le monde, là, de suite, à cet instant, était moche.
tu allais lui demander comment c’était, à quoi ça ressemblait, mais déjà il t’avait rattrapé et il te décrivait déjà le monde qu’il voyait avec ses yeux, le monde que tu aurais pu voir avec les tiens si tu n’étais pas aveugle. tu te dis que si c’est moche, c’est moins triste de pas le voir, au bout du compte. alors tu souris, parce que des fois c’est pas plus mal d’être aveugle
youth tu l’aimes bien parce qu’il te fait sentir normal tu l’entends rire et ça te rend heureux aussi, parce que tu es simple d’esprit au fond qu’il est simple d’esprit aussi il est idiot, mais tu l’es aussi
parce que si tu l’étais pas, tu ne serais pas là avec lui.
« aaah, je peux déjà sentir les fantômes Hypnose ! je les sens ! »
toi hypnose, tu rigoles, parce que tu sais que s’il y avait des fantômes, tu le saurais. tu le sentirais.
« je le saurais s’il y avait des fantômes, tais-toi et avance. enfin non te tais pas, guide moi quand même. »
t’as laissé ton poignet dans sa main hypnose, parce qu’a part tes pieds sur le sol sa main, c’est ton seul contact avec le monde. tu te laisses guider et tu es aveugle à ce qui t’entoures aveugle à sa peur
« à gauche, comme dans les labyrinthes ! t’es déjà allé dans un labyrinthe youth ? »
la curiosité de ronge aussi hypnose alors tu poses des questions pire qu’un enfant
« hypo, si je meurs. Comment tu vas faire pour rentrer ? »
A gauche, comme dans les labyrinthes. Toujours à gauche. C'est comme ça qu'ils disent, n'est-ce pas ? Tu as de vagues souvenirs de ce couple dans les rues qui tournaient en rond après un repas trop arrosées, et de leurs voix nasillardes ils ne cessaient de répéter, toujours à gauche. Hypnose n'est pas différent. Tu secoues la tête un petit peu, quand il te demande si tu es allé dans un labyrinthe déjà. Tu mets du temps, avant de réaliser. Il ne peut pas te voir secouer la tête -enfin tu crois. Parce que parfois, tu as l'impression qu'il a des yeux derrière la tête, Hypnose. Tu as déjà regardé, dans ses cheveux de feu, s'il n'y avait pas deux orbites perdus sur son crâne -ne sait-on jamais et une nouvelle fois sa langue avait claqué contre son palais, idiot, Youth mais toi, tu aimes bien être idiot. Parce que ça le fait rire, et tu ris aussi.
Le rire, c'est une mélodie, une vraie musique. Tu aimes bien rire. Tu te dis qu'il peut l'entendre, ça, au moins. Tu te dis qu'il peut imaginer de jolies choses dans sa vie, quand tu ris et tu te demandes parfois comment est-ce qu'il t'imagine. Comment est-ce qu'il imagine le monde ? « Non, jamais. » que tu réponds soudainement, « Je suis jamais allé dans un labyrinthe... » et l'idée te fait un peu rire, « J'pense que j's'rais trop fort pour les labyrinthe, Hypo. Je suis dans les rues tout le temps, je connais par coeur la ville. Personne peut battre mon sens de l'orientation. » enfin, tu l'espères. Tu es un peu bête quand même, Youth.
Mais tu prends à gauche, quand même. Tu l'écoutes. C'est l'aveugle qui te guide -et les gens diront que tu es stupides. « C'est vraiment pas joli, Hypo. Imagine des fleurs. » mais est-ce qu'il sait, ce à quoi ça ressemble, des fleurs ? « Tu crois qu'on peut trouver des dandelions, par ici ? » as-tu demandé. Tu aimerais faire un voeu. Tu n'as plus rien à souhaiter, mais tu souhaites beaucoup quand même. On souhaite toujours quelque chose, aller mieux, aller bien, vivre longtemps. Toi, tu ne veux pas vivre trop longtemps. Si je meurs, comment tu vas faire... Mais tu es bête, il a dit que tu ne mourras pas ; alors tu resteras vivant, juste pour aujourd'hui. Juste pour lui.
ici, t’entends pas grand chose. bien sur tu peux entendre le vent siffler, le bruit de vos pas sur le sol, les débris écrasés sous vos poids respectifs, mais tout ça, tu l’entendais parce qu’autour de toi, de vous, le silence était maître. mais le rire de youth, le tiens quand tu te joignais à lui remplissaient ce silence. et dans ta tête, vos rires étaient comme des soleils.
toi hypnose, tu aurais été mauvais dans un labyrinthe parce que tu manques de repères visuels dans la vie tout court avec lui, peut-être que ça sera différent
« on ira dans un labyrinthe ensemble youth ? comme ça, tu seras le héros qui me sauve alors que je suis perdu, parce que je serais perdu moi dans un labyrinthe, je foncerais probablement droit dans les buissons… »
tu as aveuglément confiance hypnose, parce qu’il est ton ami et un peu ton héros parce qu’il est gentil avec toi youth même si tu as tendance à déprimer même si tu es fou même si tu manque de confiance
quand il te demande d’imaginer des fleurs, tu souris tu aimes les fleurs hypnose tu aimes leur odeur, leur texture, leur apparence parce que de tes doigts, tu en as souvent tracé les contours et tout ça, tu l’as gravé dans ta tête.
« s’il y en a pas, fais comme moi, imagine les dans ta tête et fais un voeu quand même »
après tout, si ça marchait pour toi, pourquoi ça ne marcherait pour lui ? tu es naïf hypnose.
« mais peut-être qu’il y en a, on peut toujours en chercher. »
tu réfléchis à ce que tu aimerais souhaiter, toi, si jamais vous en trouviez vraiment tu penses a plein de trucs parce que t’aimerais voir plein de choses faire plein de choses
« si tu tombes, je te rattraperais. »
tu le pensais. tu le ferais probablement. ou alors, tu tomberais avec lui
Il forcera probablement dans les buissons, qu'il te dit et ça te fait encore rire -rire trop fort peut-être, ça résonne. Tu acquiesces, tu humes un oui. Tu seras son guide tant qu'il voudra bien de ta voix comme image, tant qu'il voudra bien de tes doigts comme chemin. Peut-être même qu'au fond, tu le guideras s'il ne veut pas de toi. C'est qu'il est dur de se débarrasser d'un insecte -tu sais t'accrocher, t'as l'habitude d'être abandonné. Ca ne te fait plus grand chose. Mais peut-être que tu seras triste, s'il te laisse tomber. C'est un peu ton coeur qu'il laisserait aussi tomber, boom, explosé sur le sol comme un verre qui a décidé de faire le grand saut. Ton coeur comme un ange sans aile, envolé, écroulé. Tu secoues la tête ; tu es idiot, Youth. Tu ne penses qu'à des choses idiotes. C'est le présent qui importe, le présent dont tu dois t'occuper. Le présent.
Il est simple Hypnose, il se prend pas la tête. Il a d'autres problèmes, c'est peut-être pour ça. Il n'a pas le temps de s'occuper des dandelions, il n'a pas le temps de s'occuper des voeux. C'est stupide, les voeux, de toute manière. S'ils se réalisaient vraiment, les milliers de fois que tu as soufflé seraient des milliers de voeux exaucés ; mais tu es toujours là, toujours seul, toujours... Pas assez, il n'y a rien d'assez. Tu n'es pas riche, tu n'es pas connu, tu n'es pas très intelligent. Mais les voeux, ce ne sont pas des choses materielles, Youth. C'est comme ça qu'on te dit, des fois. C'est comme ça que maman parle. Les voeux doivent venir du coeur, « oublie les dandelions, hypo. C'est des conneries. » T'aimes pas te souvenir de ta mère. Puis il ne peut pas les chercher lui, alors à quoi bon, si tu es le seul à rigoler, si tu es le seul à profiter, si tu es le seul à voir les choses. Si tu pouvais, tu lui aurais donné tes yeux. Ca te plaît pas le monde, mais on est jamais content de ce qu'on a, toujours envieux de ce qu'on a pas. Tu as des yeux que tu ne veux pas, il n'a pas d'yeux qui veut, « c'est mal fait la vie » que tu te dis entre les dents, et tu rigoles. T'es un imbécile heureux.
La question te surprend. « L'automne ? », ce n'est pas vraiment une question. « Je réfléchis. » mais tu n'as pas trop d'idées, quand même. A quoi ça ressemble, l'automne, en vrai, quand on ne voit pas ? Quand on ne peut pas voir les couleurs ? « L'automne, ça a la couleur de tes cheveux, tu sais ? » et ça te fait rire, il sont quelle couleur ses cheveux ? « Ca a la couleur du feu. » mais ça a quelle couleur le feu. « C'est marron, c'est orange, c'est rouge... » c'est abstrait même pour toi. « Tu sais, l'automne, c'est un peu comme quand tu te sens triste parce que tu ne vois pas. Ca ressemble à ça, l'automne. Quand tu pleures... les nuages pleurent aussi, et quand tu as l'impression d'être nu, les arbres le sont aussi. Il y a plus rien et plein de choses en même temps.. C'est un peu comme tout perdre et tout gagner en même temps. » tu crois, quelque chose du genre. Tes mots guident tes pas. Tu vas n'importe où. Vers l'horizon. « L'automne, c'est en toi. Ca ressemble à ça. A ce qu'il y a dans ton coeur quand tout est mort, quand tout tombe... Et puis y a l'hiver, triste et froid, seul. Et quand tu vas mieux, c'est le printemps dans ton coeur. C'est comme ça les saisons, Hypo. C'est ce qu'il y a dans ton coeur... » et tu rigoles, un peu -est-ce que tu es idiot ? « Alors j'aimerais que tu sois toujours le printemps, Hypo. Toujours. » mais le monde ne pourrait tourner.
Tu marches sur une pierre, tu manques de trébucher. T'es maladroit et tu rigoles, « Tu ne m'as pas rattrapé. » fais-tu remarquer, et c'est drôle. « Et je ne sais pas où je vais. Je vois, Hypo. Mais c'est tout. Alors je vais tout droit. », en face de toi, dans le rien. « Tout se ressemble ici, de toute manière. Et des fois il y a des murs, des pierres. Mais tout... Ca ne ressemble à rien, vraiment. » et tu soupires. « J'aurais dû être un inventeur, tu sais ? Comme tout ces grands gens, là... Je devrais inventer une machine aussi, une machine qui te parle et qui te dit quel est le bon chemin à prendre. » droite ou gauche, il ne te dirait probablement pas toujours à droite. « Et il s'appellerait... T-1000. » et tu rigoles doucement, « T pour trajet, parce qu'il t'aiderait à te diriger. Et 1000, parce qu'il y a mille chemins pour une seule destination. » et c'est beau de rêver.
c’est dommage, tu aimais bien l’idée des dandelions toi tu pouvais parfois les voir voler dans ta tête et c’était beau comme des étoiles dans la nuit noire en tout cas, c’est comme ça que t’imaginais ça.
mais il avait dit d’oublier, alors t'oubliais tout ça, et tu te concentrais sur le bruit de ses pas, et t’imaginais les murs, les immeubles incomplets puis le vide reprenait le dessus. mais dans tout ça, il y avait youth, il y avait toi même, et vous étiez deux étoiles dans ton coeur.
plus tard, tu lui dirais. que c’était une étoile. et que quand il illuminait le chemin des autres, il illuminait ton coeur à toi.
c’était comme tes cheveux. et toi tu ne sentais que cette masse imposante. comme le feu. et tu en sentais la chaleur. marron, orange, rouge. et tu imagines l’écorce des arbres sous tes doigts, le soleil réchauffer ta peau et le feu attiser ta passion.
pour toi, les saisons qu’il te décrivait avaient le gout de la vie, tu te dis que ça devait être beau, que ça devait être important. tu regrettais de pas pouvoir les voir mais si c’était dans le coeur, alors c’était peut-être accessible pour toi aussi.
« mais si j’étais le printemps, tu serais quoi toi ? »
tu réfléchis.
« tu serais l’été, parce que l’été c’est comme toi youth, c’est chaud et bienveillant. »
et en disant ça, tu es sure de toi. et d’un coup, tu ne sens plus sa main autour de ton poignet, parce qu’il a lâché prise alors tu paniques un peu, parce que tu ne peux pas l’aider
« c’est parce que tu as lâché mon poignet. si je te tenais, je t’aurais rattrapé ! » et tu prends sa main dans la tienne, comme des enfants, parce que comme ça, tu pourras le protéger. t’étais heureux, avec un sourire un peu bête, un peu naïf, mais fier de ton idée. aussi rayonnant qu’un paon.
« si tu sais pas où tu vas, alors dans un sens, t’es aveugle avec moi ! »
tu rigoles parce que c’est une bonne idée, qu’il a raison.
« mais les machines, elles seraient pas aussi bien qu’un humain, elles seraient ps aussi vivants, pas aussi chaleureuse, ce qu’ils faut à tout le monde, c’est un youth »
et vraiment, tu es heureux hypnose purement, simplement parce que tu es reconnaissant, que ton ami, c’est un véritable soleil
« t’es plus que ça youth » parce que tu peux pas le comparer à une machine
tu souris, et avec ton autre main disponible, tu pointes une direction au hasard
« on va par là maintenant ? »
et peut-être que vous allez juste marcher vers votre destin
L'été. C'est l'été que tu serais. Et tu souris. Il n'y a que cet idiot pour penser ça de toi, que cet idiot pour dire que tu es chaud, pour dire que tu es bienveillant. Tu n'es rien de tout ça et les personnes qui te croisent le soir dans la rue disent que tu as des allures de fantôme, des allures de mort, que t'es pâle, que tu surprends. Youth, aussi froid que la nuit. Youth qui éteint le feu de ses réverbères. Youth, celui qui n'est jamais vraiment là mais qui éclaire le chemin sur son passage. Mais pas pour Hypnose. Pour Hypnose, tu es bienveillant. Hypnose, il ne voit pas mais Hypnose il te voit quand même différemment. Hypnose il ne te voit pas, mais il te voit bien mieux que les autres.
Tes doigts se lient aux siens ; ne le lâche plus Youth, tu n'as pas le droit. Tu ne dois pas. Et tu rigoles de ta bêtise, « aussi aveugle que toi, Hypo, aussi aveugle que toi, même... » et ça te fait rire. Il a raison, Hypnose. Tu as des yeux, mais tu ne vois rien Youth. Tu as des yeux qui ne te servent à rien. Beacoup ont des yeux qui ne leur servent à rien, tu le sais ça, Hypnose ? Ils regardent tous sans jamais voir, ils essayent mais n'y arrivent pas, d'autres ne voient que ce qui les intéresse. Ils n'ont des yeux que pour leur coeur qui bat, que pour leurs sourires malhonnête. Il n'a pas besoin d'yeux, Hypnose. Il n'a pas besoin d'yeux pour vraiment voir -et tu voudrais lui dire tout ça, tu voudrais lui dire tout un tas de choses mais tu n'es pas très doué avec les mots, tu ne sais pas trop comment exprimer tes idées. Tu ne sais pas dire de jolies choses, tu ne sais même pas te rassurer, comment est-ce que tu peux rassurer les autres ? Hypnose se trompe sûrement, tu n'es pas bienveillant. Tu ne sais rien faire.
« Mais moi j'veux pas des autres. » lui as-tu dit tout simplement. Toi, tu ne veux que lui, toi, tu ne veux que ceux qui voient vraiment. Et tu n'aimes pas les autres. Tu n'aimes pas le monde. Tu n'aimes pas la vie. Mais lui, ça va. Lui, tu l'aimes. Ton ami. Et tu souris.
« J'te suis. » et ils vous prendront certainement pour des fous, ils te diront certainement de ne pas faire confiance à ceux qui ne voient pas et toi, tu leur diras, ils voient bien plus que toi. « Hypo, y a un bâtiment presque en forme, un peu plus loin. » Et tu prends la main vers laquelle il pointe l'horizon, posant son doigt sur le bâtiment, rigolant. « Juste là. Allons par-là. Je veux visiter. » et te revoilà enfant, à le tirer, à marcher vite, à faire crisser les graviers sous tes pas. Tu n'aimes pas le danger, t'es un gars tranquille. Ils diront que tu mens, mais c'est la vérité. Et pourtant, tu aimes sentir ton coeur battre -soudainement, tu vies.
« Hey, t'es sûr ? » demandes-tu soudainement, « qu'il n'y a pas de fantômes, je veux dire ? », pas que tu y crois vraiment... « Pas que j'y crois vraiment... », mais parfois tu entends des choses... « Mais parfois j'entends des choses... », tu entends des histoires qui font peur dans les coins de rue, quand les gens ont trop bu, quand les enfants s'amusent, quand les bougies s'éteignent seules sans que le vent ne souffle, « Mais il n'y a rien, hein ? », pas que tu y crois vraiment mais tu n'es qu'un homme et les hommes sont idiots. Tu es idiot, Youth.
quand ses doigts se lient aux tiens, t’es juste heureux hypnose. comme un enfant. tu resserres ta poigne, parce que tu veux pas le perdre encore. et s’il tombait ? tu en saurais probablement rien et ça te faisait peur. t’essayais d’éviter d’y penser, d’oublier ça. c’était stupide. pourquoi est-ce qu’il tomberait ?
il te dit qu’il est aussi aveugle que toi et tu secoues la tête, parce que c’est pas vrai parce que lui il voit et pas toi. toi, tu voyais pas, tu pouvais pas voir les couleurs, tu pouvais pas le voir lui. mais pourtant, quand il te dit qu’il ne veut pas des autres, tu ne peux pas t’empêcher de sourire. en même temps que lui, comme lui. comme si son sourire était contagieux.
ton sourire se transforme en rire quand ton doigt touche la surface du bâtiment. de toutes les directions possible, il avait fallu que tu choisisses celle là.
« va pour le bâtiment presqu’en forme alors ! »
tu rigoles.
« il nous portera chance, je suis sur. si on découvres quelque chose, tu me le dis d’accord ? je veux tout savoir ! »
et c’est bon, tu es un enfant à nouveau. tes soucis se sont envolés et tu penses juste à l’inconnu, même si c’est l’inconnu tous les jours pour toi. cet inconnu là te faisais rêver plus que le reste, parce qu’il y a youth avec toi. tu sens encore sa main dans la tienne.
« Hey, t'es sûr ? Qu'il n'y a pas de fantômes, je veux dire ? Pas que j'y crois vraiment... Mais parfois j'entends des choses…»
tu secoues la tête avec désinvolture et tu rigoles un peu.
« Mais non ! Je suis pas aveugle pour rien, si je le suis, c’est pour sentir ces choses là, et je sens rien. Tu dois entendre le vent c’est tout ! »
et c’était faux, parce que ton aveuglement, tu le devais au soleil à la génétique t’étais même pas clairvoyant. mais pourtant, tu y croyais plus que tout. tu pensais vraiment être aveugle pour ça, pour cette raison. t’étais stupide aussi. naïf même. têtu plutôt.
« Le vent souffle pas très fort là, mais ça doit être assez pour te faire entendre quelque chose... »
Tu n'aimes pas les aveugles, Youth. Tu n'aimes pas les aveugles parce qu'ils sont aveugles pour rien. Il n'ont pas de raison de cacher leurs yeux du monde, ils n'ont pas de raison de vivre dans le noir. Il te dit qu'il n'est pas aveugle pour rien et pendant quelques instants, tu doutes. Et tu as envie de le croire. Tu as envie de l'entendre dire encore des choses comme ça. Tu as envie qu'il t'en dise plus. Qu'il trouve mille raisons d'être aveugle. Mille bonnes raisons à sa condition. Tu voudrais qu'il trouve tout un tas d'excuses et qu'il te les fasse entendre, qu'il atténue doucement la haine dans ton coeur. Parce que tu ne le détestes pas. Il est aveugle mais tu ne le détestes pas, parce que tu as mille raisons de l'aimer. Mille raisons de lui sourire. Mille raisons pour qu'il te rit au nez. Mais il ne le fera pas. Et peut-être que parfois, tu as mille raisons de le détester.
Et tu voudrais alors que le vent se taise, que plus jamais il ne parle. Tu as toujours de mauvaises idées Youth, tu es un idiot. Et ta main se serre dans celle du plus jeune, et tes phalanges blanchissent, et tu te dis que vous pourriez toujours retourner en arrière. « On y est... » réponds-tu, pas vraiment certain. Peut-être que c'est mieux ainsi. Peut-être que toi aussi tu aurais du être aveugle. Peut-être que toi aussi... « C'est toujours pas très joli, à vrai dire... Et ça fait peur. » mais comment tu expliques ça à quelqu'un qui ne voit pas, à quelqu'un qui vit sans cesse dans le noir ? « Hypo, tu n'as jamais peur ? » demandes-tu soudainement, alors que tu ouvres une porte qui était restée là, par hasard, dans un état que l'on ne peut pas vraiment définir. Elle grince et tu frissonnes. Tu es idiot. « Je veux dire, d'être tout le temps dans le noir, ça ne te fait jamais peur ? Tu as peur de quoi, toi, HYpo ? » c'est vrai ça, de quoi peut-il être effrayé s'il ne voit rien ? Il ne peut pas avoir peur de l'araignée qui rampe, il ne peut pas avoir peur des choses qu'il ne voit pas et que toi, tu peux entrapercevoir. Alors tu es curieux comme un enfant. Aujourd'hui, tu aimerais comprendre.
sa main se resserre sur la tienne et à ton tour, tu resseres ta poigne.
« « Hypo, tu n'as jamais peur ? » »
tu as peur hypnose. souvent. bien trop souvent même. pour parfois pas grand chose.
« Je veux dire, d'être tout le temps dans le noir, ça ne te fait jamais peur ? Tu as peur de quoi, toi, Hypo ? »
et dans ta tête, la liste se forme toute seule.
«J’ai pas peur du noir, parce que j’ai jamais rien connu d’autre. »
c’est vrai et ça te rends triste. toi hypnose, tu ne connaîtras jamais les couleurs. tu ne verras jamais le sourire de ceux qui sont heureux. tu ne verras jamais les visages se changer et se parer d’émotions. tu ne sauras jamais à quoi ressemble le monde. tu ne verras jamais youth. ni personne d’autre. tu ne te vois pas toi même.
à ce moment là, ton expression ne doit pas être très très jolie.
«J’ai peur du monde Youth. »
c’est profondément vrai.
«J’ai peur de ne jamais retrouver mon chemin. »
celui qui te mènera jusqu’à chez toi. jusqu’à lui quand tu en auras besoin.
«J’ai peur de ne jamais connaître le monde.
toi qui est voué à n’en connaître que les contours.
«J’ai peur de ne jamais connaître les autres.
parce que jamais tu ne les verras. tu souris, parce que toutes tes peurs ne sont pas aussi grave.
« J’ai aussi peur des souris tu sais. Je les entends venir, tout le temps, et je déteste ça. Je pense que j’ai peur d’elles parce que je les entends justement, est-ce que tu vois où je veux en venir ? »
c’est une peur plus futile, plus innocente. plus enfantine. plus de ton âge.
« J’ai peur des araignées aussi tu sais. De la sensation de leur pattes sur ma peau. » tu frissonnes. « C’est vraiment effroyable, en plus je peux pas les voir alors je peux pas les faire partir très très loin ! » et c’est vraiment horrible pour toi. « Et toi, tu as peur de quoi ? »
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